Posture de l'animateur.rice d'un projet / d'un groupe
Description de la ressource
Du dictateur bienveillant au fondateur-fossoyeur
Du risque de ne pas travailler sur l'implication et le renouvellement
S'il est normal que l'animateur assume un côté "dictateur bienveillant" lorsque le groupe/projet est au stade "enfant (voir la fiche "maturité des groupes"), cette posture doit s'atténuer au fil du temps sous peine de se transformer en "fondateur-fossoyeur" : c'est à dire la personne, souvent charismatique et visionnaire, qui a rendu le groupe/projet tellement dépendante d'elle que tout s'écroule le jour où cette personne part.
Porter son attention sur le groupe et les individus que le compose
Analyser et comprendre son groupe, ses besoins, sa maturité est essentiel pour adopter la juste posture.
Cette analyse peut se faire collectivement et de façon consciente par le groupe, accompagné par l'animateur.ice.
Le niveau et la façon de s'implication, la multiplication des idées, des questions et des prises d'initiative peuvent être de bons indicateurs d'une groupe ou de personnes qui ont envie de participer de façon plus active et engagée.
Questionner les membres sur leurs attentes, leurs besoins et leurs freins mais également proposé des évaluation régulièrement du fonctionnement du groupe, peut également mettre en évidence des envie d'autonomie, de partage des décisions, de répartition des tâches, de besoin de visibilité ou de transparence sur le fonctionnement etc.
Tester et s'adapter constamment
Animer ou coordonner, collaborer ou coopérer...une danse perpétuelle
Tel un caméléon l'animateurice doit constamment être souple et adapter sa posture et son animation au groupe et au contexte. L'important est :
d'être transparent sur ses intentions : ne pas dire que l'on veut coopérer si finalement on prend la décision seule
de changer de posture en douceur : ne pas passer d'une posture hyper directive avec très peu de responsabilisation du groupe à une autonomie totale
d'évaluer régulièrement sa posture et la faire évoluer autant que nécessaire, si on est allé trop vite, si le groupe évolue, si le contexte change.
Questionner son rapport au pouvoir / sa posture de "sauveur"
Ou comment bien vivre la perte de pouvoir et/ou du statut d'être irremplaçable
Tel Golum face à l'anneau, il peut être très agréable d'avoir une posture qui nous rend indispensable, centrale, irremplaçable. D'autant plus qu'en fonction du contexte et de la maturité du groupe, une posture directive, planificatrice, coordinatrice est importante et appréciée.
Cette place centrale.
Comme dans le triangle dramatique de Karpman, l'animateurice ptient un rôle très gratifiant d'un point de vue narcissique mais qui peut placer la victime en incapacité de résoudre ses problèmes, si cette posture directive et "infantilisante" est maintenue.
Accepter une part de chaos, d'imprévus, d'imperfection
Ou l'art de résoudre les problèmes avant qu'ils ne surgissent
En tant qu'animateur, nous avons tendance à voir arriver les problèmes de loin, et il nous est naturel de vouloir les résoudre. Le problème est que les membres du groupe ne voient rien et ont l'impression que tout va bien, alors l'animateur sue sang et eau.
Laisser quelques problèmes survenir, lâcher-prise sur quelques sujets permet de rendre visible l'activité, les tâches et ainsi de rendre le groupe plus autonome et plus conscient.
Pour coopérer on parle même de laisser une place au "chaos", 1/3 de cadre et 2/3 d'imprévus pour laisse place à la créativité du groupe et à la sérendipité.
Passer d'une logique d'intention à une posture d'attention
En intention, le coordonnateur-ice prévoit dès le début les objectifs, les résultats à atteindre, le déroulement du projet, le calendrier, le budget... c'est la méthodologie de projet traditionnelle.
En attention, l'animateur-ice
crée des situations coopératives (faire se rencontrer les personnes, faire en sorte qu'elles se présentent, qu'elles puissent échanger...),
doit faire émerger les besoins collectifs
doit être ensuite réactif pour que ce qui a émergé de la situation coopérative puisse déboucher sur des projets, des actions, du travail coopératif
C'est la méthodologie de projet coopératif
Pour résumer : l'animateur-rice doit apprendre à...
mettre ses idées de côté
privilégier l'écoute et l'observation
être concentré-e sur le processus plutôt que sur le résultat