{"bf_titre":"Retour d'exp\u00e9rience sur la veille informationnelle","bf_description":"\/\/Par Margot, stagiaire de la session Animacoop Brest, printemps 2019\/\/\r\n\r\nApr\u00e8s avoir anim\u00e9 pendant 5 ans un r\u00e9seau de chercheurs en sciences sociales travaillant sur les transformations num\u00e9riques de la soci\u00e9t\u00e9, Margot travaille de mani\u00e8re ind\u00e9pendante pour former des professionnels de l'action sociale et \u00e9clairer des d\u00e9cideurs publics sur les enjeux de l'inclusion num\u00e9rique. Se tenir au courant de l'actualit\u00e9 des politiques publiques, des initiatives associatives ou priv\u00e9es en g\u00e9n\u00e9ral dans le domaine de l'inclusion num\u00e9rique et plus g\u00e9n\u00e9ralement sur les questions sociales, fait partie de ses besoins professionnels. \r\n

Prise au pi\u00e8ge de l\u2019obsolescence des outils

\r\nMon histoire avec la veille informationnelle est assez embl\u00e9matique des difficult\u00e9s organisationnelles et techniques qui se posent \u00e0 la plupart des personnes qui doivent se tenir en alerte sur certains sujets (que ce soit pour des raisons professionnelles, pour un engagement b\u00e9n\u00e9vole, militant, ou encore que ce soit li\u00e9 \u00e0 des activit\u00e9s de loisirs).\r\n

Fin des ann\u00e9es 2000: Une d\u00e9marche proactive de veille via les flux RSS

\r\nAlors que je pr\u00e9parais une th\u00e8se en science sociale, j'avais mis en place, \u00e0 la fin des ann\u00e9es 2000, des flux RSS sur mon navigateur Web (Safari, sous \"\"MacIntosh\"\", \u00e0 l'\u00e9poque).\r\n\r\nJ'avais donc collect\u00e9 dans les favoris de mon navigateur, tous les sites qui constituaient des ressources pour mon sujet de th\u00e8se (mais \u00e9galement sur plein d'autres sujets qui me tenaient \u00e0 c\u0153ur et blogs que je souhaitais suivre au quotidien). Certains des ces sites offraient la possibilit\u00e9 de r\u00e9cup\u00e9rer les donn\u00e9es au format RSS, que j'ajoutais donc dans mes favoris, ce qui me permettait, au quotidien de voir automatiquement, depuis la liste de mes favoris, les nouveaux articles parus sur ces sites et blogs. \r\n\r\nTout ceci fonctionnait bon an mal an pour me tenir au courant jusqu'au jour o\u00f9, incit\u00e9e en cela par les alertes automatiques de mon \"\"MacIntosh\"\", j'ai mis \u00e0 jour la derni\u00e8re version du navigateur Safari. Ma surprise, et m\u00eame ma col\u00e8re furent grandes quand je d\u00e9couvris que cette derni\u00e8re version de Safari ne prenait plus en charge des flux RSS. Il faut dire que la technique des flux RSS n'avait pas pris aupr\u00e8s du grand public : les internautes qui s'\u00e9taient saisis de cette fonctionnalit\u00e9 se comptaient plut\u00f4t parmi les journalistes, les chercheurs, les documentalistes, etc. Beaucoup d'ailleurs, parmi eux, utilisaient d'autres outils pour g\u00e9rer leur flux RSS (Netvibes, Google, par exemple). Si bien que la disparition des flux RSS dans la nouvelle version de Safari n'a probablement pas emb\u00eat\u00e9 grand monde.\r\n\r\nLa seule solution technique que me proposait Apple pour continuer \u00e0 suivre tous mes flux RSS \u00e9tait de les int\u00e9grer automatiquement dans mon logiciel de gestion des messageries \u00e9lectroniques (Mail, toujours sur \"\"MacIntosh\"\").\r\nCe que j'ai fait, mais qui ne m'a pas du tout convenu: g\u00e9rer ses mails et g\u00e9rer l'actualisation des sites Web ne relevait pas de la m\u00eame activit\u00e9 (en tout cas, selon ma logique d'usage de cette \u00e9poque l\u00e0), et j'ai fini par cesser de suivre ces flux RSS. \r\nJ'ai cess\u00e9 de suivre mes blogueurs pr\u00e9f\u00e9r\u00e9s. Apple m'en a priv\u00e9. Ainsi va la vie num\u00e9rique.\r\n

Ann\u00e9es 2010: une r\u00e9orientation vers d'autres outils de veille

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Un usage des infolettres (newsletters)

\r\nPour d'autres sites dont il me fallait suivre l'actualit\u00e9, j'ai pu m'abonner \u00e0 leur newsletter, quand ils en proposaient une. C'est aujourd'hui pour moi une mani\u00e8re essentielle de suivre certaines organisations. Pour autant, c'est aussi par ce biais que la surcharge informationnelle me guette : combien de lettres d'information finissent \u00e0 la poubelle avant que j'aie pu les parcourir, parfois m\u00eame les ouvrir ?\r\n\r\n

Une veille par les m\u00e9dias sociaux

\r\nFacebook a pris de l'ampleur dans les ann\u00e9es qui ont suivi, et c'est aussi devenu une source de veille sur de nombreux sujets qui m'int\u00e9ressent. Mon compte Facebook, cr\u00e9\u00e9 en septembre 2007, me servait initialement surtout \u00e0 prolonger en ligne les \u00e9changes avec mes amis proches, et \u00e0 renouer contact avec des connaissances plus \u00e9loign\u00e9es. Le cercle de mes connaissances s'\u00e9largissant avec les ann\u00e9es, y compris \u00e0 des connaissances li\u00e9es au monde professionnel, l'aspect priv\u00e9 de mes publications s'est amenuis\u00e9 et je l'ai r\u00e9duit aujourd'hui au maximum sur le fil de mon actualit\u00e9. Mon usage de Facebook s'est peu \u00e0 peu orient\u00e9 vers une pratique de veille non seulement sur l'actualit\u00e9 personnelle de mes amis et connaissance, mais surtout sur des actualit\u00e9s politiques, sociales, et li\u00e9es aux domaines qui m'int\u00e9ressent professionnellement. Ces publications peuvent \u00eatre relay\u00e9es par des personnes faisant partie de mon cercle social, ou bien par des pages Facebook de m\u00e9dia, de groupes, organisations, etc. \r\n\r\nJe ne relaye moi-m\u00eame que tr\u00e8s peu de publications (et en publie directement encore moins), et ce en raison d'une volont\u00e9 de ne pas trop en dire sur moi aupr\u00e8s d'un cercle large de personnes (environ 420 \"amis\" Facebook, dont la majeure partie ne sont pas \u00e0 proprement parler des \"amis\"). \r\nEn ce sens, je n'ai pas fait le choix d'utiliser Facebook comme une vitrine professionnelle en devenant moi-m\u00eame un relai d'informations sur mon domaine d'expertise, ce qui aurait pu \u00eatre un moyen de m'affirmer comme personne ressource sur ces sujets. C'est aussi parce qu'il m'a sembl\u00e9 que faire ce choix n\u00e9cessiterait une discipline de veille \u00e0 laquelle je n'\u00e9tais pas capable de m'astreindre. \r\n\r\nUn temps, je me suis crue oblig\u00e9e pour des raisons professionnelles, d'ouvrir un compte Twitter. L'angoisse m\u2019\u00e9treignait chaque fois que je me connectais \u00e0 mon compte : alors que mon activit\u00e9 professionnelle exige de suivre constamment l'information dans mon domaine, le flux ininterrompu de tweets ne faisait que r\u00e9v\u00e9ler mon incapacit\u00e9 \u00e0 les suivre, m\u00eame dans l'hypoth\u00e8se o\u00f9 j'aurais d\u00e9cid\u00e9 de passer ma vie devant Twitter.\r\n\r\nComment devais-je, pouvais-je participer \u00e0 ces discussions, qui me semblaient plus (faute d'en comprendre les codes) des monologues ? J'ai finalement accept\u00e9 que Twitter n'\u00e9tait pas pour moi et que je ratais certainement des choses tr\u00e8s int\u00e9ressantes en ne m'y connectant pas, mais qu'on ne pouvait pas \u00eatre partout, et suivre tout. \r\nLe constat de cette surcharge d'informations constamment actualis\u00e9es vaut \u00e9galement pour Facebook, mais l'usage de ce dernier m\u00e9dia social r\u00e9pondant \u00e9galement \u00e0 des besoins de sociabilit\u00e9s plus personnelles, il me semble que j'ai mieux appris \u00e0 doser son utilisation.\r\n

D'une d\u00e9marche pro-active au doute et \u00e0 la culpabilit\u00e9...

\r\nEn somme, \u00e9voquer le terme de \"veille informationnelle\" me plonge instantan\u00e9ment dans un vertige de culpabilit\u00e9 et d'impuissance : je n'ai jamais r\u00e9install\u00e9 de gestionnaire de flux RSS (d'ailleurs les d\u00e9veloppeurs Web ont souvent cess\u00e9 de proposer des flux) et je ne travaille pas \u00e0 la \"curation\", sur mes th\u00e8mes professionnels.\r\nJe voudrais lire plus les journaux (un ou deux hebdo, des quotidiens de temps en temps, un mensuel, en diversifiant autant que possible et \u00e9couter au moins trois fois par semaine le journal \u00e0 la radio), mais je suis loin du compte. \r\n\r\n

Comment sortir de cette situation ?

\r\nPremi\u00e8re \u00e9tape : Il me semble tout d'abord important de reconna\u00eetre que nous faisons tous de la veille informationnelle, comme Monsieur Jourdain fait de la prose. Nous lisons (au moins parfois) des journaux ; nous parlons avec nos coll\u00e8gues, notre famille, nos amis, nos voisins, etc. ; nous sommes souvent sur les r\u00e9seaux socio-num\u00e9riques (Facebook ou autre), nous \u00e9coutons la radio, regardons la t\u00e9l\u00e9vision, etc. \r\n\r\nDeuxi\u00e8me \u00e9tape : se demander pourquoi faire de la veille informationnelle, et sur quels sujets. Nous devrions tous sortir de notre scolarit\u00e9 avec la conviction qu'il est important de se tenir inform\u00e9 de notre environnement social (de l'\u00e9chelle la plus locale, au monde entier) pour pouvoir exercer sa citoyennet\u00e9. L'\u00e9cole doit aussi nous armer de la capacit\u00e9 \u00e0 se tenir inform\u00e9 (savoir lire bien s\u00fbr, mais savoir identifier les sources, juger de leur degr\u00e9 de partialit\u00e9, de fiabilit\u00e9, etc.). \r\n\r\nParce que nous avons une passion, des passions, un m\u00e9tier, des activit\u00e9s associatives, peut-\u00eatre militantes, nous sommes aussi conduits par la vie \u00e0 nous int\u00e9resser \u00e0 certains sujets plus qu'\u00e0 d'autres. Et il est parfois important de se tenir au courant sur ces actualit\u00e9s. Se demander pourquoi le faire peut \u00eatre une \u00e9tape utile : je dois me tenir inform\u00e9e sur tel sujet pour agir en cons\u00e9quence, pour continuer \u00e0 \u00e9changer avec les autres, parce que je suis en position d'informer d'autres personnes, qui elles-m\u00eame agiront en cons\u00e9quences, etc. Il peut m\u00eame y avoir derri\u00e8re ce besoin de veille un enjeu d'image et de communication: on peut faire de la veille pour les autres en relayant publiquement les sujets sur lesquels on souhaite se placer pour faire valoir une position d'expertise (selon que le sujet est plus ou moins pointu).\r\n\r\nTroisi\u00e8me \u00e9tape : Une fois ces besoins identifi\u00e9s, il est utile de prendre un temps pour identifier les sources d'information sur les sujets qui nous int\u00e9ressent, celles qu'on ne peut pas se permettre de rater, et de concevoir la meilleure mani\u00e8re les suivre en fonction des outils que l'on a \u00e0 sa disposition et de son organisation personnelle : par exemple faut-il s'abonner \u00e0 une newsletter ?\r\nIl faut aussi, pour tout un pan des informations que l'on aura pas la capacit\u00e9 de suivre, se dire que l'on saura comment trouver l'information quand on en aura besoin et savoir que l'on peut compter sur telle ou telle personne, le jour o\u00f9 l'on aura besoin de se (re)mettre \u00e0 jour sur certains sujets.\r\n

Et pour conclure...

\r\n\"\"<div class=\"well\">\"\"Peut-\u00eatre nous faut-il savoir vivre avec la honte quand on est pris en flagrant d\u00e9lit d'ignorance sur un sujet que l'on est cens\u00e9 ma\u00eetriser, ou mieux encore : assumer, et se d\u00e9barrasser de la honte. Remercier la personne qui vous sort de l'ignorance. Apr\u00e8s tout, elle vous aide dans votre veille informationnelle !\"\"<\/div>\"\,"auteur_fiche":"Margot Beauchamps","listeListeLicence":"1","data-imagebf_image":,"filename-imagebf_image":"","checkboxListeBrouillon":"2","id_typeannonce":"6","id_fiche":"RetourDExperienceSurLaVeilleInformationne2","date_creation_fiche":"2020-01-28 17:42:39","statut_fiche":"1","date_maj_fiche":"2020-01-28 17:42:39"}