{"accept_condition":"1","bf_titre":"Introduction aux biens communs","bf_description":"

Biens communs ?

  • \r\nAppel\u00e9s traditionnellement \"ressources communes\" (les choses qui nous appartiennent en commun), les biens communs ont \u00e9t\u00e9 quelque peu oubli\u00e9s.\r\nIls ont \u00e9t\u00e9 supplant\u00e9s par :\r\n - Les biens priv\u00e9s organis\u00e9s par le march\u00e9.\r\n - Les biens publics mis \u00e0 disposition par l'\u00e9tat.\r\n\r\nD\u00e8s lors les biens communs sont devenus les \"choses de personne\"... dont personne ne s'occupe\r\nPourtant les biens communs (\/\/commons\/\/ en anglais) ne sont pas des biens \"sans ma\u00eetres\".\r\nChacun de nous peut l\u00e9gitimement faire \u00e9tat de droits sur eux.\r\nIls sont les choses qui nous nourrissent, qui nous permettent de communiquer ainsi que nous d\u00e9placer, qui nous inspirent... voire nous permettent de rejeter nos d\u00e9chets (dans l'air ou l'eau).\r\n\r\n

Un bien commun se caract\u00e9rise par le fait

\r\n - Qu'une ressource, par exemple l'eau ou le savoir, soit durablement utilis\u00e9e en commun, plut\u00f4t que consomm\u00e9e individuellement ou en excluant d'autres personnes.\r\n - Qu'un groupe sp\u00e9cifique s'occupe de la ressource et en prenne soin, plut\u00f4t que de la laisser \u00e0 la merci de profiteurs.\r\n - Que ce groupe se soit mis d'accord sur des r\u00e8gles appropri\u00e9es et transparentes, plut\u00f4t que d'accepter l'absence de r\u00e9gulation.\r\n - Que l'acc\u00e8s aux ressources soit largement auto-organis\u00e9, plut\u00f4t que d\u00e9termin\u00e9 de l'ext\u00e9rieur.\r\n - Que tous les utilisateurs aient droit de cit\u00e9 et voix au chapitre, plut\u00f4t que d'\u00eatre syst\u00e9matiquement repr\u00e9sent\u00e9s par d'autres.\r\n - Que les avantages soit partag\u00e9s, plut\u00f4t que concentr\u00e9s.\r\n\r\nCette conception interroge fortement la notion de propri\u00e9t\u00e9 priv\u00e9e sur des biens que l'on pourraient qualifier de communs... Pourtant c'est peu d\u00e9battu actuellement.\r\n\r\n
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\r\n\r\nQuelles seraient les cons\u00e9quences d'une red\u00e9finition des terres comme biens communs ?\r\nIl faut renforcer les biens communs, au-del\u00e0 et de mani\u00e8re compl\u00e9mentaire au march\u00e9 et \u00e0 l'\u00e9tat. Chacun est appel\u00e9 \u00e0 assumer ses responsabilit\u00e9s en tant que copossesseur des \"choses qui nous sont communes\", afin d'en tirer davantage de libert\u00e9 et de communaut\u00e9. Les biens communs ont besoin d'hommes et de femmes, non seulement de march\u00e9s, d'aides gouvernementales ou de r\u00e9gulation \u00e9tatique. La richesse qui se dispense \u00e0 travers les biens communs doit \u00eatre partag\u00e9e de mani\u00e8re nouvelle et \u00e9quitable dans toutes les sph\u00e8res de notre vie. \r\n\r\nCar les biens communs sont le secret bien gard\u00e9 de notre prosp\u00e9rit\u00e9.\r\nChacun les rencontre quotidiennement, en tous lieux. Chacun y a constamment recours dans ses activit\u00e9s \u00e9conomiques, en famille, en politique ou au cours de son temps libre. Ils font partie des pr\u00e9suppos\u00e9s tenus pour \u00e9vidents de la vie sociale et \u00e9conomique, et demeurent pourtant largement invisibles.\r\n\r\nLes choses qui sont utilis\u00e9es en commun constituent la charpente interne d'une soci\u00e9t\u00e9 florissante.\r\nAu sein de la nature, les hommes et les femmes d\u00e9pendent tous de l'eau, des for\u00eats, de la terre, des p\u00eacheries, de la biodiversit\u00e9, du paysage, de l'air, de l'atmosph\u00e8re, ainsi que de tous les processus vitaux qui y sont li\u00e9s. Chaque individu est en droit d'avoir part aux ressources naturelles, ind\u00e9pendamment de la propri\u00e9t\u00e9 priv\u00e9e de ces ressources.\r\nDans le domaine social, parmi les conditions pour que s'\u00e9panouissent les relations sociales figurent les places, parcs et jardins publics, les soir\u00e9es, les dimanches et jours f\u00e9ri\u00e9s, ainsi que les transports en commun, les r\u00e9seaux num\u00e9riques, les moments de sport et de loisir. Ces biens communs sociaux peuvent \u00eatre directement pris en charge et cultiv\u00e9s, de mani\u00e8res tr\u00e8s diverses, par les communaut\u00e9s concern\u00e9es et \u00e0 l'initiative des citoyens. Ils peuvent \u00e9galement relever pour partie du domaine public, o\u00f9 les services publics jouent un r\u00f4le important.\r\nIl va sans dire, en ce qui concerne la culture, que la langue, la m\u00e9moire, les usages et la connaissance sont indispensables \u00e0 toute production mat\u00e9rielle ou immat\u00e9rielle. Autant les biens communs de la nature sont n\u00e9cessaires \u00e0 notre survie, autant les biens communs culturels le sont \u00e0 notre activit\u00e9 cr\u00e9ative. De la m\u00eame mani\u00e8re, les acquis d'aujourd'hui doivent continuer \u00e0 servir librement les g\u00e9n\u00e9rations futures.\r\nDans la sph\u00e8re num\u00e9rique, les productions et les \u00e9changes fonctionnent d'autant mieux que l'acc\u00e8s aux objets et aux donn\u00e9es est moins entrav\u00e9. Il est indispensable que les codes sources des logiciels, de m\u00eame que toute la richesse des textes, sons, images et films disponibles en ligne, ne soient pas cl\u00f4tur\u00e9s par des droits de propri\u00e9t\u00e9 intellectuelle restrictifs.\r\n

Bon \u00e0 savoir

\r\nBien commun n'est pas \u00e9gal \u00e0 bien public\r\nUne diff\u00e9rence essentielle avec la typologie classique des biens publics tient \u00e0 ce que les biens communs sont h\u00e9rit\u00e9s : soit ils repr\u00e9sentent des dons de la nature et sont entretenus en tant que tels, soit ils ont \u00e9t\u00e9 produits par des personnes ou des groupes (pas forc\u00e9ment toujours clairement identifi\u00e9s), et ensuite transmis. Cette transmission peut \u00eatre un processus de longue dur\u00e9e (paysages culturels, langue) ou tr\u00e8s court (Wikip\u00e9dia, logiciels libres). Des biens communs peuvent \u00e9galement se former lorsqu'ils ont \u00e9t\u00e9 produits par une personne et destin\u00e9s par elle \u00e0 une utilisation en commun (par exemple le langage html).\r\nAucun politicien, aucun \u00e9tat n'en a d\u00e9cid\u00e9 ainsi.\r\nBien entendu, les biens communs ou les droits humains qui leur sont associ\u00e9s sont souvent d\u00e9pendants de la protection de l'\u00c9tat. Ainsi, la pr\u00e9servation et la revendication des biens communs plan\u00e9taires pourraient difficilement \u00eatre atteints sans accord entre les diff\u00e9rents \u00e9tats.\r\nLes biens communs sont g\u00e9r\u00e9s \u00e9quitablement et durablement lorsque les choses dont la disponibilit\u00e9 est limit\u00e9e pour tous sont partag\u00e9es, et lorsque tout le monde a acc\u00e8s aux choses qui sont abondantes.\r\n\r\nBien commun n'est pas \u00e9gal \u00e0 propri\u00e9t\u00e9 commune\r\nLa propri\u00e9t\u00e9 commune est une forme de propri\u00e9t\u00e9 collective. Il peut s'agir de coop\u00e9ratives, de communaut\u00e9s d'h\u00e9ritiers ou encore de soci\u00e9t\u00e9s anonymes par actions. Comme la propri\u00e9t\u00e9 priv\u00e9e, la propri\u00e9t\u00e9 commune implique l'exclusion de certaines personnes (les non-propri\u00e9taires) de l'acc\u00e8s et de l'utilisation du bien. En cela, elle se diff\u00e9rencie des biens communs.\r\n\r\nTout n'est pas un bien commun, mais beaucoup de choses peuvent le devenir.\r\n

Architecture des biens communs

\r\nLes biens communs sont constitu\u00e9s de trois briques fondamentales : les ressources, les gens, et enfin les r\u00e8gles et normes qui permettent de lier entre elles toutes ces composantes.\r\n\r\nLa premi\u00e8re brique est mat\u00e9rielle. Elle se r\u00e9f\u00e8re aux ressources proprement dites : l'eau, la terre, le code g\u00e9n\u00e9tique, celui des logiciels, les connaissances, les algorithmes et les techniques culturelles; elle se r\u00e9f\u00e8re aussi au temps dont nous disposons, et naturellement \u00e0 l'atmosph\u00e8re. Tout cela constitue les \"ressources communes\" (\/\/common pool resources\/\/ en anglais). Chacun dispose d'un droit \u00e9quivalent \u00e0 les utiliser.\r\n\r\nLa deuxi\u00e8me brique est sociale. Elle renvoie aux \u00eatres humains qui usent de ces ressources. Le concept de biens communs est impensable s'il n'est pas rapport\u00e9 \u00e0 des individus concrets agissant dans un espace social d\u00e9fini. Les connaissances sont utilis\u00e9es, par exemple, pour \u00e9mettre un diagnostic ou pour soigner. Les techniques culturelles sont utilis\u00e9es afin de produire des innovations. La communaut\u00e9, c'est-\u00e0-dire tous ceux qui collectivement utilisent les ressources, transforment ces ressources en biens communs.\r\n\r\nLa troisi\u00e8me brique est r\u00e9gulatrice. Elle englobe les r\u00e8gles et les normes qui r\u00e9gissent le rapport aux biens communs. \u00c0 l'\u00e9vidence, ce n'est pas la m\u00eame chose de r\u00e9guler les \/\/bytes\/\/ et l'information et de r\u00e9guler des ressources naturelles telles que l'eau ou les for\u00eats. Les rapports avec ces choses prennent des formes diff\u00e9rentes. Ce que ces rapports ont n\u00e9anmoins tous en commun est qu'ils doivent \u00eatre d\u00e9termin\u00e9s par chaque communaut\u00e9 \u00e9tendue d'utilisateurs. Ce qui n'est possible \u00e0 son tour que lorsqu'un groupe humain d\u00e9veloppe une compr\u00e9hension commune de ses rapports aux ressources.\r\n\r\nRessources + Communaut\u00e9s + R\u00e8gles et normes = Biens communs\r\n

Les biens communs font la qualit\u00e9 de vie

\r\nLes biens communs sont sources de valeur et ceci en dehors ou en compl\u00e9ment du march\u00e9. Pour tout un chacun, la possibilit\u00e9 de recourir aux biens communs, en plus des services offerts par le march\u00e9 et l'\u00e9tat, a de multiples avantages.\r\n\r\nLa chose est manifeste partout o\u00f9 les ressources naturelles utilis\u00e9es en commun, comme les p\u00e2turages, l'eau, les mers, les for\u00eats, les champs et les semences, forment la base de la subsistance. Les droits communautaires assurent un acc\u00e8s gratuit \u00e0 ces ressources indispensables \u00e0 la vie, pay\u00e9 en monnaie de coop\u00e9ration et de solidarit\u00e9. D\u00e8s que les services assur\u00e9s par ces ressources - alimentation humaine et animale, mat\u00e9riaux de construction, m\u00e9dicaments, chauffage et mati\u00e8res premi\u00e8res - doivent \u00eatre achet\u00e9s avec de l'argent, les hommes sont r\u00e9duits \u00e0 la mis\u00e8re, car ils sont d\u00e9pourvus de pouvoir d'achat.\r\nLa v\u00e9ritable trag\u00e9die des biens communs est que les gens ne prennent conscience de leur valeur (non mon\u00e9taire) qu'au moment o\u00f9 ils sont sur le point de dispara\u00eetre.\r\nAinsi, la densit\u00e9 urbaine est une forme de richesse qui ne devient apparente que lorsqu'elle est perdue. Les courtes distances :\r\n - Permettent les \u00e9conomies de temps n\u00e9cessaires pour effectuer ses courses \u00e0 pied,\r\n - ou pour que les enfants puissent se rendre \u00e0 l'\u00e9cole sans emprunter les transports.\r\n - Encourage les r\u00e9seaux de socialisation et le travail en commun, et par l\u00e0 l'organisation de cr\u00e8ches autonomes, l'entraide entre voisins ou le jardinage collectif.\r\n\r\nRessources communes + Communaut\u00e9s + Coop\u00e9ration = Cr\u00e9ation de valeurs non mon\u00e9taire\r\n

Les biens communs : outils de cr\u00e9ativit\u00e9 et de coop\u00e9ration

\r\nQue la coop\u00e9ration soit un puissant facteur de productivit\u00e9 est une v\u00e9rit\u00e9 admise depuis longtemps. La sph\u00e8re num\u00e9rique a permis le d\u00e9veloppement de formes de coop\u00e9ration tout \u00e0 fait innovantes.\r\n\r\nDans le monde des sciences, les modes de travail collaboratifs, globalement partag\u00e9s et auto-organis\u00e9s sont devenus une \u00e9vidence.\r\nLa cr\u00e9ativit\u00e9 rev\u00eat \u00e0 l'\u00e2ge num\u00e9rique une nouvelle signification, au-del\u00e0 de l'individu.\r\nIl s'av\u00e8re souvent que l'enthousiasme et la comp\u00e9tence cumul\u00e9s des amateurs n'a rien \u00e0 envier aux professionnels, bien au contraire. Gr\u00e2ce aux applications toujours plus nombreuses du Web 2.0, comme Twitter, les \/\/wikis\/\/ ou les \/\/blogs\/\/, de nouvelles formes de travail en commun et de partage des connaissances sont exp\u00e9riment\u00e9es. L'Internet a le potentiel de d\u00e9velopper des plate-formes pour l'intelligence collaborative et l'ing\u00e9niosit\u00e9 d\u00e9centralis\u00e9e, et de les mettre \u00e0 disposition de tous.\r\nLes \"communaut\u00e9s en ligne\" sont en mesure, gr\u00e2ce \u00e0 une large participation, de proposer des produits et des services de haute qualit\u00e9, qui peuvent aussi avoir une valeur mon\u00e9taire.\r\n\r\nPresque toutes les soci\u00e9t\u00e9s humaines sont fond\u00e9es sur un m\u00e9lange de concurrence, de planification et de solidarit\u00e9. Cependant, leurs rapports respectifs se modifient au cours de l'histoire. L'\u00e9change de marchandises sur le march\u00e9 - aussi \u00e9vident qu'il soit devenu pour nous - ne repr\u00e9sente qu'une mani\u00e8re parmi d'autres de s'approvisionner en biens.\r\nLes voies pour s'approvisionner en biens sont :\r\n - La production organis\u00e9e par le march\u00e9 (principe de concurrence).\r\n - La production organis\u00e9e par l'\u00c9tat (principe de planification).\r\n - La production et la distribution au sein de communaut\u00e9s (principe de r\u00e9ciprocit\u00e9).\r\nLe sentiment de communaut\u00e9 et de coop\u00e9ration libre semblent acqu\u00e9rir une nouvelle signification et une nouvelle importance en se conjuguant au d\u00e9sir d'ind\u00e9pendance. Le renforcement des biens communs r\u00e9pond \u00e0 ce besoin.\r\n\r\nLa solution aux probl\u00e8mes d'aujourd'hui ne r\u00e9side pas dans un repli de l'\u00c9tat visant \u00e0 faire de la place au march\u00e9, mais plut\u00f4t en ce que l'\u00c9tat s'efforce de s\u00e9curiser les droits des communaut\u00e9s sur leurs biens communs.\r\n

Les atouts des biens communs

\r\nCe qui appara\u00eet aujourd'hui encore comme une faiblesse des biens communs pourrait bien dans un avenir proche se r\u00e9v\u00e9ler une force : l'argent y joue un r\u00f4le secondaire. Ce qui distingue les biens communs, c'est la coop\u00e9ration en vue de la possession partag\u00e9e plut\u00f4t que la concurrence dans la recherche de l'enrichissement personnel. G\u00e9n\u00e9ralement, les incitations mon\u00e9taires y jouent un r\u00f4le tr\u00e8s marginal.\r\nLes motifs qui comptent r\u00e9ellement sont plut\u00f4t :\r\n - L'utilit\u00e9 commune,\r\n - le d\u00e9veloppement des comp\u00e9tences,\r\n - la sociabilit\u00e9 ou la r\u00e9putation. \r\nEn ce sens, la sph\u00e8re des bien communs est un espace d\u00e9marchandis\u00e9. Il s'agit d'une \u00e9conomie du partage et de la participation, et non de l'accumulation et de l'exclusion.\r\nSans une telle \u00e9conomie du partage, une \u00e9conomie lib\u00e9r\u00e9e de la pression de la croissance est inconcevable. En effet, tout ce qui est r\u00e9alis\u00e9 par sens de l'int\u00e9r\u00eat g\u00e9n\u00e9ral, par passion pour le sujet ou par solidarit\u00e9 permet de satisfaire les besoins avec un investissement mon\u00e9taire moindre. Ainsi, la r\u00e9alisation de Wikip\u00e9dia aurait repr\u00e9sent\u00e9 un co\u00fbt inabordable si chaque collaborateur avait d\u00fb \u00eatre r\u00e9mun\u00e9r\u00e9.\r\n\r\nEn d'autres termes, ce qui est produit dans la sph\u00e8re des biens communs - souvent caract\u00e9ris\u00e9 comme du capital social - pourrait \u00eatre qualifi\u00e9 de mani\u00e8re plus pertinente encore de \"mon\u00e9tairement efficient\". Un moindre investissement de capital mon\u00e9taire est requis pour un m\u00eame niveau de performance.\r\nC'est pr\u00e9cis\u00e9ment l\u00e0 le d\u00e9fi central d'un syst\u00e8me \u00e9conomique qui devra se passer de croissance \u00e9conomique, mais qui devra aussi continuer \u00e0 fonctionner. Parce que l'efficience mon\u00e9taire ainsi comprise peut repr\u00e9senter le pilier d'une \u00e9conomie post-croissante, la red\u00e9couverte des biens communs est la condition d'\u00e9mergence d'un ordre \u00e9conomique capable d'avenir pour le XXIe si\u00e8cle.\r\n
Un nouveau mod\u00e8le \u00e0 cr\u00e9er : la production par les pairs bas\u00e9e sur les communs
\r\nContrairement \u00e0 la production pour le march\u00e9, la production par les pairs bas\u00e9e sur les communs n'a pas lieu en vue de la vente, mais en vue de l'utilisation directe. Les projets de pairs ont un but commun - cr\u00e9er des logiciels, faire de la musique, s'occuper d'un jardin - et tous les participants et participantes contribuent d'une mani\u00e8re ou d'une autre \u00e0 cette fin. La plupart ne le font pas pour gagner de l'argent, mais parce qu'ils partagent l'objectif du projet et souhaitent qu'il r\u00e9ussisse - ou simplement parce qu'ils aiment faire ce qu'ils font. Une telle production par les pairs bas\u00e9e sur les communs produit de nouveaux biens communs, ou bien prend soin de ceux qui existent d\u00e9j\u00e0 et les am\u00e9liore. Les structures hi\u00e9rarchiques y sont largement inconnues. Cela ne signifie en aucun cas qu'ils soient non structur\u00e9s mais personne ne peut ordonner \u00e0 un autre ce qu'il a \u00e0 faire. Les relations qui se nouent autour de ces biens communs ne sont pas d\u00e9pourvues de r\u00e8gles. Les r\u00e8gles sont le fruit du consensus des \"pairs\". Dans l'\u00e9conomie \u00e9galitaire des biens communs, il n'y a ni contrainte ni commandements. Il en r\u00e9sulte une coop\u00e9ration libre entre contributeurs \u00e9gaux en droits.\r\n\r\nUne production par les pairs bas\u00e9e sur les communs a toujours lieu au sein de \"communaut\u00e9s\" (\/\/communities\/\/), l\u00e0 o\u00f9 se retrouvent des personnes partageant des int\u00e9r\u00eats communs ou ayant simplement une relation de voisinage. Les mondes virtuels rendent \u00e9galement possible l'\u00e9mergence des formes nouvelles de communaut\u00e9, sans attache territoriale. \r\nIl est vrai que la production par les pairs bas\u00e9e sur les communs s'est d\u00e9velopp\u00e9e surtout dans la production de savoir et de logiciels, mais ses principes peuvent \u00eatre transpos\u00e9s \u00e0 la production de biens mat\u00e9riels. Cela signifie que :\r\n - Le savoir et les ressources naturelles sont des biens communs qui fondamentalement appartiennent \u00e0 tous. Pour leur utilisation, il existe des r\u00e8gles qui garantissent l'\u00e9quit\u00e9.\r\n - La production de biens physiques est bas\u00e9e sur des designs (plans de construction) libres, que chacun peut continuer \u00e0 d\u00e9velopper ou adapter \u00e0 ses propres besoins.\r\n - L'organisation de la production physique est d\u00e9centralis\u00e9e. Pour l'essentiel, elle a lieu localement.\r\n - La production est orient\u00e9e vers l'utilisation et l'utilisateur : on produit pour la vie !\r\n - L'engagement de chaque participant d\u00e9coule de son \"libre choix\" : chacun choisit par lui-m\u00eame o\u00f9 et comment il souhaite prendre part. Cela exige un important effort de mise en harmonie, mais cela apporte aussi davantage de satisfaction.\r\n - La production parles pairs est bas\u00e9e sur l'int\u00e9gration et non sur l'exclusion. Il y a bien s\u00fbr des r\u00e8gles, dont les communaut\u00e9s se dotent elles-m\u00eames et auxquelles chacun doit se tenir, mais les barri\u00e8res \u00e0 l'entr\u00e9e sont faibles. La participation est facilit\u00e9e.\r\n\r\nAlors que dans l'\u00e9conomie de march\u00e9, les biens communs - bien que d'importance vitale - sont devenus quasiment invisibles, dans une \u00e9conomie des biens communs les rapports devraient \u00eatre invers\u00e9s : les march\u00e9s, tels qu'ils sont organis\u00e9s dans l'\u00e9conomie marchande d'aujourd'hui, joueront \u00e0 l'avenir un r\u00f4le minime, alors que les biens communs, les \/\/commons\/\/ et les communaut\u00e9s de \/\/commoners\/\/ seront au centre de la vie.\r\n

Les pistes pour agir

\r\n - Nous pouvons directement vouer notre \u00e9nergie, nos institutions et nos talents aux biens communs et \u00e0 ce qui constitue leur essence : la diversit\u00e9 de la vie.\r\n - Nous pouvons nous demander syst\u00e9matiquement, \u00e0 propos de tout projet, de toute id\u00e9e ou de toute activit\u00e9 \u00e9conomique, s'il apporte plus aux communaut\u00e9s, \u00e0 la soci\u00e9t\u00e9 et \u00e0 l'environnement qu'il ne leur retire.\r\n - Nous pouvons inverser la tendance actuelle : en nous fixant des limites et en utilisant de mani\u00e8re durable les ressources naturelles, mais en \u00e9tant prodigues en mati\u00e8re de circulation des id\u00e9es. Ainsi nous b\u00e9n\u00e9ficierons au mieux des deux.\r\n - Nous pouvons trouver des moyens intelligents de promouvoir la progression de tous, au lieu de nous concentrer exclusivement sur l'avancement individuel.\r\n - Nous pouvons reconna\u00eetre et soutenir mat\u00e9riellement en priorit\u00e9 les activit\u00e9s qui g\u00e9n\u00e8rent, entretiennent ou multiplient des biens \u00e0 la libre disposition de tous.\r\n - Nous pouvons faire en sorte que la participation collective et \u00e9quitable aux dons de notre terre ainsi qu'aux r\u00e9alisations collectives du pass\u00e9 et du pr\u00e9sent soit institutionnalis\u00e9e et devienne la norme.\r\n - Nous pouvons recourir \u00e0 des processus d\u00e9cisionnels, des moyens de communication et des technologies transparents, participatifs et libres, ainsi que les am\u00e9liorer.\r\n\r\n\r\n\/\/Dessins : \u00c9ric Grelet - CC-BY-SA\/\/","bf_author":"Gatien Bataille","listeListeLicence":"1","id_typeannonce":"11","id_fiche":"IntroductionAuxBiensCommuns2","password_for_editing":"OR","date_creation_fiche":"2018-09-16 22:11:09","statut_fiche":"1","checkboxListeThematique":"6","checkboxfiche8":"RomaiN","imagebf_image":null,"checkboxListeBrouillon":"1","date_maj_fiche":"2022-05-13 11:30:04"}