Appropriation sociale du numérique, communs et politique publique, retours sur l’expérience de la Ville de Brest

Témoignage Article publié dans la revue netcom ainsi que sur Coopérations (licence CC BY NC ND)

De 1995 à 2014, sous l’impulsion d’un élu délégué aux usages du numérique, la ville de Brest a mis en œuvre une série d’initiatives et de services à la population, reposant sur une approche coopérative des usages du numérique. Passées au crible des critères élaborés par le Prix Nobel d’économie Elinor Ostrom, quatre de ces initiatives qui ont pu être documentées tout au long de leur développement, donnent à voir dans quelle mesure un projet de service à la population initié par la collectivité, peut s’apparenter à un commun urbain : une ressource partagée, une communauté d’utilisateurs et de producteurs, un système souple de gouvernance impliquant ses différentes parties-prenantes. Cependant les questions de la diffusion d’une culture des communs et de l’appropriation et de l’animation dans la durée de ces ressources partagées restent le véritable enjeu de la pérennité de ces initiatives numériques...
Auteur de la fiche Michel Briand et Bernard Brunet
Licence d'utilisation la ressource Autre licence libre (préciser en description)
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Biens communs dans la classification d'Elinor Oström

Description de la ressource Cette recherche et cette synthèse ont été faite pour une introduction aux Communs lors de Animacoop St Nazaire Automne 2020 (animation "Bocal à Poisson" ou "Fish Bowl").

La (ré)apparition de la notion de Communs au 20ème siècle
En 1954, Paul Samuelson différencie "bien privé" et "bien public"
En 1965, James Buchanan ajoute un troisième type de biens : les "biens de Club" (conso par un membre d’une asso ou d’un club) ou biens à péage.
En 1977, Vincent et Elinor Ostrom proposent d'ajouter un quatrième type de bien : les biens communs. En référence à la forme historique des biens communaux la notion de communs renvoie à une forme de propriété collective et aux mouvements qui cherchent à lutter contre la privatisation de certaines ressources ou enclosures. En anglais, les Communs sont appelés "common-pool resources".

Définition d'un Commun en 3 mots
En 3 mots : un Commun = un bien (matériel ou non) + une communauté + une gouvernance communautaire visant à exploiter le bien équitablement tout en le préservant.
Le bien commun est défini comme relevant d'une appropriation, d'un usage et d'une exploitation collectifs.
Renvoyant à une gouvernance communautaire, les biens communs correspondent à des objets aussi divers que les rivières, le savoir ou le logiciel libre.
Ils supposent ainsi qu'un ensemble d'acteurs s'accorde sur les conditions d'accès à la ressource, en organise la maintenance et la préserve.
En économie, ces biens sont également désignés par le terme "biens publics impurs".
Pour plus de détail : voir la fiche "Introduction aux biens communs" : https://interpole.xyz/?IntroductionAuxBiensCommuns

Les biens communs dans la classification d'Ostrom
Elinor Oström propose une classification des biens suivant 2 dimensions : l'exclusivité et la rivalité
1/ l'exclusivité est, en économie, la possibilité d'interdire l'accès, la consommation d'un bien à une partie des personnes en instaurant un contrôle d'accès (accès techniquement ou juridiquement limité et/ou payant)
Un bien exclusif est donc réservé à une personne ou un nbre limité de personnes limité .
Par opposition, un bien non exclusif est accessible à tous.
2/ la rivalité est, en économie, un bien dont la consommation par une personne diminue la quantité de bien disponible pour les autres personnes.
Un bien rival est donc un bien dont la consommation affecte la consommation d’autres personnes (ex : l'eau).
Par opposition, la consommation d'un bien "non rival" n’affecte pas la consommation des autres personnes (ex : la télévision hertzienne)
Nota : certains biens faiblement rivaux deviennent non rivaux à partir d'un certain niveau de consommation. C'est le phénomène de « congestion ». Par exemple, une route est faiblement rivale tant que la circulation reste faible mais devient rivale lorsqu'elle devient trop fréquentée.
>>>>> Suivant ce classement, un bien commun est une ressource (matérielle ou non) qui est "non exclusive" (car accessible à tous) et "rivale" (car elle peut être dégradée par sa consommation).


Classement des autres types de bien : privé, public et de club
Les biens privés sont exclusifs et rivaux
Les biens publics sont non exclusifs (pour tous) et non rivaux
Les biens de club ou bien à péage : peu exclusifs et peu rivaux.

En synthèse
  • Excluabilité forte Excluabilité faible
Rivalité forte Bien privé Bien commun
Rivalité faible Bien de club Bien public pur

Exemples
Bien privé
  • Exemple : Une pomme
  • Rivalité : Seulement une personne peut la consommer
  • Excluabilité : Une fois consommée, il n'y a plus de pomme
Bien commun
  • Exemple : L'usage d'un jeu d'enfant
  • Rivalité : Tout le monde a le droit de l'utiliser
  • Excluabilité : Seulement un enfant à la fois, l'un après l'autre
Bien de club / Bien à péage
  • Exemple : Netflix (ou télévision cryptée, autoroute, film/musique/ebook sur internet)
  • Rivalité : Tout le monde peut s'abonner
  • Excluabilité : Ceux qui ne s'abonnent pas en sont exclus
Bien public (spécificité : mondial, pur ou global)
  • Exemple : Soleil (ou air, biodiversité, émission de radio)
  • Rivalité : Tout le monde est éclairé
  • Excluabilité : On ne peut pas empêcher quelqu'un d'être éclairé par le soleil s'il le souhaite


Documents source
Elinor Ostrom : https://fr.wikipedia.org/wiki/Elinor_Ostrom#Ostrom_et_la_gouvernance_des_biens_communs
Rivalité : https://fr.wikipedia.org/wiki/Rivalit%C3%A9_(%C3%A9conomie)
Excitabilité : https://fr.wikipedia.org/wiki/Excluabilit%C3%A9
Bien de club : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bien_de_club
Bien public : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bien_public#OstromOstrom1977
Bien privé : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bien_priv%C3%A9
Bien commun : https://fr.wikipedia.org/wiki/Biens_communs
Type de ressource Notion, concept
Thématique de la ressource
  • Communs et partage de connaissance
Auteur.trice(s) de la ressource Christine Denié Hervy, Animacoop
Licence d'utilisation la ressource CC BY SA
Contributeur.trice.s connaissant cette ressource
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Atelier aux Grands Voisins - Expérimenter la prise de décision collective sur des budgets

Témoignage

Contexte


Audrey du GARC.ESS, collectif francilien qui accompagne la dynamique de coopération entre les résidents des grands Voisins, a invité Simon Sarazin à partager son expérience en terme de prises de décisions collectives début 2018.

Le format expérimenté

Simon a rapidement proposé de tester « en présentiel » les outils de prise de décision en ligne qu’il expérimente depuis quelques années au sein de collectifs Lillois. En réalité, c’est surtout les méthodes de prise de décision associées à ces outils qui ont été amenées aux participants.

Sur un effectif de 25 personnes, trois groupes ont été constitué autour d’une problématique commune : « Vous avez un budget de 10 000€, et vous devez décider des projets que vous souhaitez financer avec cette somme ».

Au sein de chaque groupe, une méthode différente est proposée :
  • Groupe 1 - Sans méthode : aucune méthode / outil n’est proposé, ils sont laissés totalement libres du mode de prise de décision.
  • Groupe 2 – Avec Cobudget : chacun dispose d’une fraction de la somme, chacun peut proposer un projet s’il le souhaite, et chacun affecte ensuite sa somme sur les différents projets.
  • Groupe 3 – Avec loomio : chacun fait une proposition de projet avec un budget, puis chacun va pouvoir voter pour/pas pour/abstention ou opposition ferme sur chaque projet.

A la fin du délai imparti (20mn), nous avons fait le tour des décision prises avant de terminer par un retour de chacun sur la méthode/outil qu’il avait vécu.
image cobudget_manuel.png (53.1kB)
Fichier source distribués aux participants pour cobudget
image Loomio_manuel.png (85.2kB)
Le fichier source Loomio distribué aux participants
image cobudget_GV.jpg (1.0MB)
exemple de décision co-budget en physique

Les enseignements


Le format a bien fonctionné, les participants en ont retiré que chacun des groupes disposant d’une méthode avaient réussis à prendre une décision, bien qu’elle ne soit pas nécessairement la meilleure.

Le groupe 1 n’ayant aucune méthode, il n’a pas pu prendre de décisions dans les délais impartis, mais a eu l’avantage de prendre le temps de négocier des critères de sélection des projets. Il est donc finalement apparu qu’une solution hybride serait de s’approprier une méthode tout en se mettant d’accord en amont sur des guides afin que les choix correspondent bien à des enjeux exprimés par le collectif.

Un frein a été d’expérimenter ces méthodes sur des projets factices qui ont certainement biaisé l’expérience, mais même avec du recul il semble compliqué de mener ce format sur des sujets de budget réels, qui sont potentiellement des sujets «brûlants».

image G1_GV_sans_methode.jpg (1.3MB)
Le groupe 1 en plein travail
image GV_cobudget.jpg (1.3MB)
Le groupe 2 en pleine action
image GV_Loomio.jpg (1.1MB)
Le groupe 3 en action
Auteur de la fiche Romain Lalande - sur un concept, une animation et une expérimentation de Simon Sarazin
Licence d'utilisation la ressource CC 0
Contributeur.trice.s ayant vécu cette action
AtelierAuxGrandsVoisinsExperimenterLaPr_vignette_atelierauxgrandsvoisinsexperimenterlapr_gv_loomio.jpg
Format d'animation expérimenté
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Documents partagés : comment travailler collectivement l'architecture des dossiers ?

Témoignage Fabienne nous raconte l'aventure avec un collectif accompagné sur cette thématique.

Pour reposer le contexte : C'est un collectif qui utilise un drive google. Les niveaux d'agilité numériques étaient très disparates. Il manquait de la compréhension dans les usages. Il y avait énormément de google doc créés en vrac, dossiers redondants....

Il y a plusieurs séquences de travail :

En 1er lieu, j'ai fait une carte mentale "état des lieux" de l'arborescence des dossiers et fichiers. Collectivement nous l'avons parcouru en long et en large. Les personnes relevaient les incohérences de classement. Moi je ne me sentais aucune compétence et légitimité à le faire. C'était leur sujet, moi je ne le maîtrisais pas. Juste je manipulais la souris et détendais l'atmosphère (un de peu tension entre les participantes quant à leur approche respective du rangement).

Un petit collectif s'est saisi du chantier "réorganisation".
Moi j'ai créé une nouvelle carte mentale. Pendant qu'elles parcouraient les fichiers et dossiers pour en relever les sujets , je créais sur la carte mentale les dossiers et sous dossiers sur la carte mentale avec leurs instructions.

Nous avons travaillé collectivement à la création de leur nétiquette quant au nommage des fichiers ou dossiers. - pas de majuscule, pas d'accent, mot récurrent suivant les dossiers, dates au format anglais pour certains fichiers... Il a été créé une fiche avec toutes ces consignes.

A l'aide de la carte mentale, une personne a créé dans le drive la nouvelle structure dans un dossier unique. De nouveau, travail collectif pour valider cette architecture.

La même personne a été chargé de migrer tous les contenus dans cette nouvelle architecture développée à l'intérieur d'un seul dossier nommé du genre "nouvelle arborescence". Une fois tous les fichiers dans la nouvelle arborescence, les anciens dossiers ont été supprimés. Il y en a quand même quelques dossiers qui ont été gardés tel quel.
Puis elle a ressorti tous les dossiers de ce seul dossier pour déployer la nouvelle arborescence. il me semble qu'il ne faut qu'une à deux personnes pour cette étape.

Afin de guider les utilisateurices, à la racine, nous avons posé la carte mentale de la nouvelle arborescence au format natif et au format image.

Un mail a été envoyé au collectif entier pour présenter la nouvelle arborescence et annoncer la nouvelle procédure de nommage et de classement.


Et voici quelques éléments sur le nommage de documents électroniques :
(source : https://www.erudit.org/fr/revues/documentation/2013-v59-n2-documentation02080/1033220ar.pdf )

Concision : Donner un nom de fichier simple mais à la fois significatif et compréhensible est important. La limite de caractères conseillée est située entre 25 et 64 caractères. Au-delà de cette limite, l'utilisateur peut rapidement être perdu et un nom plus long peut poser problème à certains systèmes d'exploitation
Espacement : Il est recommandé d'éviter l'espace. Sur certaines interfaces d'accès, notamment les navigateurs Internet, ce caractère sera remplacé par « %2o », gênant considérablement la lecture. Le tiret bas {underscore) est une alternative intéressante à l'espace.
Gestion des versions : Un codage à deux chiffres permet, lorsque les fichiers sont classés par ordre alpha-numérique dans un logiciel de gestion électronique de documents (GED) ou dans l'explorateur Windows par exemple, de repérer plus facilement la dernière version du fichier ;
Datation : Si une date est contenue dans le nom du document, il est généralement recommandé de la coder selon la norme en vigueur, soit AAAAMMJJ, AAAAMM, AAAA-AAAA ou encore AAAA. Si la date est indiquée en début de nom dans un classement alphanumérique, la version la plus récente d'un fichier est repérable plus facilement ;
Mots chargés et vides de sens : Les mots inutiles, tels que «le», «la», «les», «de», n'apportent que très peu de sens au nom d'un fichier. On déconseille également parfois d'utiliser un mot explicitant le type de document (rapport, lettre, etc.), et recommande, lorsque cela s'avère vraiment nécessaire, d'utiliser des acronymes de quatre lettres (au maximum) dont la signification est connue ;
Ordonnancement et cohérence des éléments : on recommande de se référer à la méthode employée pour rechercher un fichier dans un dossier. Si les utilisateurs cherchent généralement par date, alors la date doit être l'élément constitutif du nom de fichier qui doit paraître en premier. Si les fichiers sont recherchés par description, alors c'est l'élément descripteur qui doit prendre la première place ;
Utilisation de caractères spéciaux : Les caractères spéciaux sont à bannir. De manière générale, les systèmes d'exploitation refusent cette utilisation. Il ne faut donc pas utiliser l'astérisque, le dièse, les accents, l'esperluette, les guillemets, l'apostrophe, les points d'exclamation, les points d'interrogation ;
Utilisation du pluriel : Le pluriel d'un mot est inutile. Puisqu'un mot pluriel n'est pas plus descriptif d'un sujet que sa version au singulier, l'utilisation du pluriel va à l'encontre de la première recommandation demandant de rester concis.
Auteur de la fiche Fabienne Morel
Licence d'utilisation la ressource CC BY SA
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Un Marathon de l'innovation en méthodes participatives numériques

Témoignage Retour d'expérience de Guillaume Doukhan de l'ADRETS

En 2016, Adrien et moi avons participé à l'Université FaireEnsemble2020 organisée par La Fonda
Cette rencontre à destination du monde de l'ESS, était structurée en 3 temps :
  • 0.5 jour : plénière
  • 2.5 jours : soit ateliers thématiques (jeux, sprint d'écriture, débats) soit marathons (engagement à suivre l'ensemble des 2.5 jours)
  • 0.5 jour: restitution.

Nous y avons co-animé le marathon intitulé "Comment intégrer la transition numérique dans l'élaboration et la conduite de projets associatifs?"
Le marathon avait été co-construit avec Bastien Engelbach (La Fonda), Denis Pansu (FING) et Stéphanie Lucien-Brun (Locaux Motiv / La Fabrique à Lien, Lyon). Stéphanie, Denis et dans une moindre mesure Pierre-Yves Gosset (Framasoft) ont surtout pris part en tant que participant, en soutenant parfois l'animation.
Nous avons testé des méthodes d'animation participatives beaucoup appuyées sur des outils numériques (nous avions 5 tablettes pour aider) :
Le marathon s'appuyait sur un cahier de défis reprenant les grands enjeux du numérique, notamment pour les associations. Les participants ont travaillé à partir de ce matériau et surtout de leur vécu pour arriver, avec des sessions "boules de neige", à formuler 6 propositions d'enjeux leur paraissant fondamentales, sur lesquelles nous avons voté avec DemocracyOS (il faut un login)

  • Sur la 2ème 1/2 journée nous avons moins utilisé les outils en ligne, si ce n'est pour faire de la prise de notes pad et mindmap :
    • Reprise des propositions sous forme de levée d'oppositions et nous avons décidé de travailler sur 3 d'entre elles pour envisager les futurs possibles en termes de projet/action concrets : mutualisation, organisation du travail, et gouvernance associative (nous n'avons pas pu traiter ce point faute de temps)
    • Intervention de Pierre-Yves Gosset (Framasoft) autour de la gouvernance de Framasoft, du paradigme d'organisation différent liée au support numérique omniprésent, et des parallèles entre les logiques/dynamiques du logiciel libre et celles de l'ESS.

Ressenti personnel des 2 jours :
  • Guillaume : Les participants étaient globalement utilisateurs numériques plutôt confirmés, mais l'accueil des différents outils d'animation a été vraiment positif. Le contenu des échanges était intéressant notamment en termes de rencontres avec pas mal de têtes de réseau (UNIOPSS, SocialPlanet..). Le projet qui a vraiment émergé en termes de besoins était autour de la mutualisation des appels d'offre, compétences et réponses. Chouette expérience d'animation participative, avec dans cette configuration le besoin absolu d'être à 2, 1 pour gérer l'animation, l'autre pour les outils.
  • Adrien : Tout d'accord avec Guillaume. L'enjeu principal est pour moi notre capacité collective à concrétiser les synergies de l'atelier. Première étape franchie avec la création d'un groupe sur Social Planet pour le partage de pratiques, usages et pépites d'outils collaboratifs numériques. En parallèle ça vient alimenter et justifie/légitime la dynamique plus globale autour de notre de forge/accompagnement des acteurs de l'ESS sur les usages coopératifs du numérique. À suivre donc !
Auteur de la fiche Guillaume DOUKHAN
Licence d'utilisation la ressource CC BY SA
Outil numérique expérimenté
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